AccorHotels ne laissera pas le champ libre aux Airbnb et con- sorts. A l’occasion de la publication de résultats annuels record au titre de l’exercice 2015, le champion français de l’hôtellerie a annoncé être entré au capital de deux plates- formes numériques de commer- cialisation d’hébergements alter- natifs. Une double opération qui matérialise la « révolution digi- tale », impulsée par le PDG, Sébastien Bazin.
AccorHotels a d’abord acquis 30 % du capital d’Oasis Collections. Cette société, créée en 2009 à Bue- nos Aires et aujourd’hui basée à Miami, commercialise 1.500 pro- priétés haut de gamme réparties dans 18 destinations en Amérique latine, aux Etats-Unis et en Europe. Elle s’adresse à une clientèle d’affai- res ou de loisirs, à qui elle propose aussi un service personnalisé, notamment de conciergerie. Le groupe a en outre pris 49 % du capi- tal de Squarebreak, une start-up française née en 2013, qui distribue 250 villas et appartements haut de gamme en France, en Espagne (Marbella), et au Maroc (Marra-kech), avec là aussi des services hôteliers ou à la carte.
Le « début d’une histoire »
Le montant de ces investissements n’a pas été dévoilé́. Pour le PDG d’AccorHotels, ils constituent le « début d’une histoire ». Les deux entités ne sont pas, dans l’immé- diat, connectées sur la plate-forme accorhotels.com, des bannières renvoyant sur leurs sites. « Acco- rHotels a peut-être vocation à être un leader » dans cet univers alternatif et connexe à l’hôtellerie, a déclaré Sébastien Bazin. Même si, selon lui, « Oasis et Squarebreak ne sont pas une réponse à Airbnb », pas plus qu’il ne s’agit de « créer une OTA [agence de voyages en ligne, NDLR] », mais juste de prendre en compte « un marché́ qui évolue ».
Cette initiative intervient alors même que le groupe confirme être en pleine forme avec des résultats record pour 2015, en dépit de deux de ses principaux marchés en berne, la France et le Brésil. Son bénéfice d’exploitation a atteint 665 millions d’euros, en hausse de 10,6 % par rapport à 2014, pour un chiffre d’affaires de 5,58 milliards, en augmentation de 2,3 %, soit une marge opérationnelle sans précé- dent elle aussi de 11,9 %. Quant à son profit net part du groupe, il s’est élevé à 244 millions, progressant d’un peu plus de 9 %.
Sebastien Bazin a même assuré que « 2016 sera probablement une année record par rapport à 2015 ». Il s’attend notamment à « une bonne année en France », après un premier trimestre « difficile ».
Tout à son plan de transformation d’un groupe qui s’apprête à se renfor- cer dans le secteur de luxe avec l’acquisition – en cours de finalisa- tion – des chaînes Fairmont, Raffles et Swissôtel, Sébastien Bazin a toute- fois une sacrée inconnue sur sa feuille de route : les intentions du numéro un de l’hôtellerie chinoise, Jin Jiang. Ce dernier fait office depuis peu de premier actionnaire du groupe français avec une participa- tion connue d’un peu plus de 6 %. Tout en déclarant « bienvenu » tout actionnaire misant sur Accor Hôtels, son PDG reconnait être dans le flou : « Je ne sais pas très bien où il veut aller », a-t-il admis jeudi à propos du président de Jin Jiang, Yu Minliang, qu’il connaît bien. Pour Sebastien Bazin, « il y a une limite » à l’intérêt que porte le géant chinois à AccorHo- tels, sachant qu’il possède Louvre Hôtels Group, un concurrent direct.
Christophe Palierse cpalierse@lesechos.fr