2 mars 2016
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Le leader chinois de l’hôtellerie n’exclut pas de demander un droit de regard sur la stratégie de son rival français.
La pression monte sur le géant français de l’hôtellerie AccorHotels. Son concurrent, le numéro un chi- nois de l’hôtellerie Jin Jiang, « n’exclut pas de demander la nomination d’un ou plusieurs représentants au conseil de la société Accor et de participer conséquemment à la stratégie de la société », a-t-il indiqué, lundi, dans une déclaration d’inten- tion à l’Autorité des marchés financiers (AMF). Numéro cinq mondial, selon le classement provisoire de MKG, Jin Jiang a déjà racheté fin 2014 le groupe Louvre Hôtels (marque Campanile notamment).
Sa déclaration d’intention a été déclenchée par un nouveau fran- chissement de seuil, car le chinois grimpe en flèche dans le capital d’AccorHotels. Déjà, début février, il était devenu le premier actionnaire du français avec 6 % du capital (5,3 % des droits de vote), via ses holdings hong-kongais Rubyrock Capital et Golden Apple Capital. Et ce au moment même où AccorHotels nouait un partenariat stratégique avec un autre groupe hôtelier chinois, Huazhu Hotels (China Lodging Group). Le français avait acquis 10,8 % du capital de Huazhu Hotels et s’était vu accorder un siège à son conseil d’administration.
Au final, Jin Jiang n’aura pas mis plus d’un mois pour franchir le deuxième seuil, celui des 10 %, et détenir, grâce à des acquisitions d’actions sur le marché, 11,70 % du capital(10,21 % des droits de vote). Désormais, il dépasse les actionnaires de référence Colony et Eurazeo, (11,1 % de concert à fin 2015).
11,7 % DU CAPITAL D’ACCORHOTELS est désormais aux mains de Jin Jiang, qui passe devant Colony et Eurazeo, agissant de concert et jusqu’à présent premiers actionnaires avec 11,1 %à fin décembre 2015.
Evident conflit d’intérêts
Le rival chinois déclare au gendarme boursier ne pas exclure de nouveaux achats d’actions. A ce stade, il apparaît difficile à arrêter, malgré l’évident conflit d’intérêts puisque l’importance de sa participation pourrait lui permettre d’influer sur la stratégie de son concurrent. A moins que le conseil d’administration et le management d’AccorHotels ne fassent barrage et lui refusent des sièges d’administrateur. Mais un tel bras de fer ne pourra pas durer longtemps. Pour l’heure, Jin Jiang déclare qu’il « n’envisage pas de prendre le contrôle de la société », c’est-à-dire de dépasser la barre de 30 % du capital qui déclencherait une offre publique d’achat. Mais une déclaration d’intention, en droit boursier, n’a qu’une durée de validité de six mois. Passé ce délai réglementaire... on peut changer d’avis. Surtout si le taux de change avec l’euro continue d’être avantageux.
Source Les Echos — M. C.