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Hennequin évincé mardi soir, un trio intérimaire lui a succédé
Manifestation de salariés devant l'hôtel où a lieu l'AG
Accor-Hennequin débarqué, un trio nommé temporairement (Edité par Dominique Rodriguez)
Le nouveau trio provisoire placé à la tête d' Accor essuie moqueries et critiques jeudi de la part d'actionnaires et de salariés sceptiques sur le bien-fondé de l'éviction du PDG Denis Hennequin, censée permettre d'accélérer l'amélioration de la rentabilité du groupe hôtelier.
L'arrivée à la vice-présidence du conseil de Sébastien Bazin, directeur général de Colony Capital Europe, l'un des deux actionnaires de référence du groupe avec Eurazeo, attise la colère des syndicats et des petits porteurs qui y voient une mainmise accrue des deux fonds.
Philippe Citerne, devenu mardi le président non exécutif du conseil dont il était auparavant le vice-président, a salué le "travail remarquable" réalisé par Denis Hennequin, suscitant des rires au sein des actionnaires réunis depuis 10h dans un Novotel parisien.
Lorsqu'il a mentionné les "perspectives de développement de carrière" au sein d'Accor, un actionnaire a lancé: "Ah oui! On les voit!"
Denis Hennequin, qui n'était en poste que depuis 2010, avait succédé à Gilles Pellisson, lui-même évincé, tout comme son prédécesseur en 2005.
Deux représentantes du comité central d'entreprise ont déploré la démission en janvier de Franck Riboud, le PDG de Danone, du conseil d'administration, insistant sur son indépendance. Les actionnaires sont appelés à voter son remplacement par Iris Knobloch, présidente de Warner Bros France.
Elles ont également accusé les deux fonds de s'être livrés à un véritable "coup d'Etat", déplorant qu'ils se comportent en propriétaires de l'entreprise malgré leur participation combinée de 21,4%.
"Prédateurs!" a crié une actionnaire.
Elles se sont en revanche fait huer par les actionnaires lorsqu'elles ont appelé l'Etat français à entrer au capital d'Accor.
"Qu'est-ce que c'est que cette chienlit?" a alors lâché un actionnaire.
TROIS PDG EN 8 ANS
Plusieurs dizaines de manifestants, essentiellement de la CFDT, premier syndicat du groupe, manifestaient devant l'hôtel où se déroule l'assemblée générale.
"Trois PDG en huit ans, l'impact humain de ces bouleversements est lourd", dénonce la CFDT dans un tract qu'elle a distribué aux actionnaires. "Si la politique actuelle de découpage du groupe devait se poursuivre, elle conduirait à la catastrophe, c'est-à-dire à la disparition du groupe."
Syndicats et analystes craignent une scission des actifs immobiliers d'Accor, une stratégie déjà tentée en vain chez Carrefour par le fonds Colony, spécialiste de l'immobilier.
Yann Caillère, ex-directeur général délégué promu directeur général dans la nouvelle organisation, a souligné l'importance du renforcement des marques, crucial pour attirer les franchisés.
Dans un film présenté aux actionnaires, Accor a mis en avant sa volonté de "se cooliser".
Face à la dégradation de la conjoncture en Europe et à un ralentissement ailleurs, le groupe cherche à accélérer sa stratégie en accentuant son développement dans les pays émergents et le haut de gamme, a expliqué Philippe Citerne.
"Chaque mois qui passe, dans le marché de l'hôtellerie, la situation devient de plus en plus difficile", a-t-il souligné, citant l'évolution du numérique-"les 'e-tout ce que vous voulez'"-, avec la montée en puissance des courtiers sur internet.
Edité par Dominique Rodriguez