DECRYPTAGE Aux commandes depuis 1996, le président du directoire, Patrick Scicard, était en conflit ouvert avec son nouvel actionnaire.
Patrick Scicard (au centre) avait été mis aux commandes du prestigieux traiteur par Gaston Lenôtre lui-même en 1996. (SIPA)
Patrick Scicard, président du directoire de Lenôtre quitte son poste. Officiellement, selon le groupe Sodexo, qui a racheté la prestigieuse marque de traiteur au groupe Accor l’année dernière, le dirigeant souhaite poursuivre sa carrière à un poste plus important au sein d’un groupe de luxe et il compte réaliser des projets personnels.
La réalité est légèrement différente, Patrick Scicard, qui avait été choisi en 1996, par le fondateur Gaston Lenôtre lui-même (décédé en 2009) et par l’actionnaire de l’époque Paul Dubrule, pour redresser le groupe, était en conflit depuis plusieurs mois avec son nouvel actionnaire Sodexo et plus précisément encore, la patronne de la branche prestige de Sodexo : Nathalie Szabo, fille de Pierre Bellon, le fondateur et principal actionnaire du géant mondial de la restauration collective.
Un patron habitué à gérer librement son entreprise
Lorsque le groupe Accor avait décidé de mettre en vente Lenôtre en 2010, Patrick Scicard lui-même avait réuni un groupe d’investisseurs et s’était assuré de l’appui des banques pour racheter ce fleuron de la gastronomie française qu’il avait redressé et renforcé, en rachetant en 2000, les magasins traiteur du groupe Flo.
Mais c’est finalement Sodexo qui avait remporté l’affaire parmi une trentaine d’offres différentes, en payant rubis sur l’ongle près de 70 millions d’euros pour une entreprise réalisant 110 millions de chiffre d’affaires et comptant 500 salariés. Lenôtre possède deux restaurants de prestige à Paris : le pavillon Elysée Lenôtre et le Pré Catelan, ainsi qu’un laboratoire central à Plaisir et une prestigieuse école de pâtisserie ainsi qu’une dizaine de boutiques en France et au moins autant à l’étranger en franchise.
Depuis plusieurs mois, Patrick Scicard, expert des relations publiques, connu du tout Paris, ancien directeur du Martinez et du Lutetia et heureux lauréat du Prix de l’excellence française en décembre dernier, supportait très mal de devoir rendre des comptes à la présidente de Sodexo Prestige, alors qu’il avait l’habitude de gérer son groupe de façon totalement autonome depuis presque vingt ans. De source interne, il se dit que les divergences portaient sur l’avenir des boutiques parisiennes et l’utilisation de la marque par le groupe Sodexo dans ses développements à l’étranger.