Leader européen de l’hôtellerie et premier mondial des services prépayés, le groupe ACCOR est surtout connu en France pour son activité hôtelière, avec des marques allant du haut de gamme comme Pullman ou Sofitel au très économique avec Etap et Formule 1, en passant par Mercure, Novotel ou Ibis par exemple. Face aux difficultés engendrées par la crise le groupe multiplie aujourd’hui les réorganisations et réorientations stratégiques pour satisfaire la nécessité de toujours plus de profit pour les actionnaires. Nous avons interrogé Iliane DUMAS, Déléguée syndicale ACCOR SA, secrétaire du comité groupe et secrétaire du CE.
Accor emploie dans le monde environ 145000 personnes dans l’hôtellerie et 5000 personnes pour les services prépayés (environ 20 à 25000 personnes en France). Rappelons que l’activité de services prépayés consiste à émettre des chèques ou titres pour rémunérer des services (tickets restaurants, chèques cadeaux, bons d’essence en Amérique Latine, garde d’enfants en Grande Bretagne, outils de motivation, conciergerie…).
Scinder les deux activités ?
Depuis plusieurs années, la direction du groupe a entamé une réflexion pour la scission des deux activités laissant d’un côté l’activité hôtellerie, largement impactée par la crise et dont les difficultés devraient s’accroître si la crise se prolonge, et de l’autre l’activité services, qui fait plus que tirer son épingle du jeu et est même très rentable. Pour cette dernière une nouvelle société sera créée et tout le personnel correspondant y sera transféré. La concrétisation de ce projet doit se faire en AG extraordinaire au mois de juin.
La Direction appuie son argumentation sur le fait que les deux activités ont atteint leur taille critique, qu’elles n’ont pas de synergies entre elles, que leur interdépendance brouille l’image du groupe. La poursuite par chaque secteur de son activité dans une structure spécifique, avec une équipe dirigeante dédiée, sera de nature à permettre aux deux activités de poursuivre leur propre développement et leur propre stratégie.
Les représentants FO réservés..
Consultés à plusieurs reprises, comme le prévoit la loi, les élus FO ont fait connaître à la direction du groupe leurs réserves, voire leur hostilité à ce projet. Toutefois, n ‘étant pas dupes du caractère formel de ces consultations, ils se sont inscrits dans une démarche d’accompagnement des salariés transférés pour s’assurer que leurs droits et avantages acquis leur seront maintenus, voire que des avancées nouvelles pourraient être obtenues, notamment en matière de participation, statut des salariés, mutuelle, prévoyance…De son côté la direction affiche sa bonne volonté. Elle s’engage à ce que la nouvelle société mette en place des IRP dignes de ce nom et notamment un comité de groupe Européen.
Curieusement, c’est plus pour les salariés de la branche hôtellerie qu’Iliane DUMAS est inquiète. En effet, dans le souci de baisser son capital immobilisé dans des investissements peu productifs, le groupe se lance aujourd’hui dans de nouvelles formes d’exploitation de ses activités., en contrats de gestion, franchises ou loyers variables. Ce qui permet, on le voit d’augmenter, pour les actionnaires, la rentabilité des capitaux investis. Malheureusement la formule a pour effet de transférer les salariés concernés dans des structures de petite taille, où les droits et avantages des salariés sont souvent moins conséquents.
Encore beaucoup de combats à mener dans cette entreprise, surtout si la crise dure encore plus de trois ans. Déjà l’année dernière un plan de sauvegarde de l’emploi a vu le départ « encouragé » de 230 collaborateurs au niveau du siège. Il faudrait que l’activité reparte !
Alain Sklenard
FGTA FO
alain.sklenard@fgta-fo.org
pb 20/03/2010 12:08